“ Ergroun ” (1998)

1. Tout va bien

À quelle hauteur ta demeure
Parmi des tonnes de fleurs
À quelle hauteur se situe
Ta ville après les rues

As-tu déjà rencontré quelqu'un
Dans ce lieu inhabité
À quoi ressemblent ses gens
Qui sont ses habitants

Dans mon jardin ridicule
Fleurissent des renoncules
On dirait qu'il va tomber
Une pluie fatiguée

Il y a quelque chose qui se tient loin des cités
Il y a quelqu'un qui me parle et ne dit rien
Il y a quelque chose qu'il me tarde de trouver
Et ce quelqu'un qui me parle et ne dit rien

J'en vois qui jamais ne dansent
Comme une panne des sens
Ces derniers temps tout va mal
Nature, homme, animal

Corrupteur de mon univers mental
Je dis les mêmes mots:
Ces derniers temps tout va mal
La nature, les hommes, les animaux

Ces derniers temps tout va mal
Nature, homme, animal
Ces derniers temps tout va… bien

 

2. Mauve

Nous partageons les mêmes bonheurs
Mais moi je préfère la souris
Tu es parti cueillir des fleurs
Un beau bouquet de pissenlis

Nous sommes toi et moi des sosies
Mais moi je préfère la souris
On se promène l'après-midi
We should, could, would, shan't be happy

J'ai de belles baskets et je crois
Qu'elles t'iraient aussi bien qu'à moi
Le sol tapissé de coussins et de mousses
Le tien et le mien

Nous ne portons pas les mêmes couleurs
Ni les perruques ni les sourcils
Du rose, du bleu, de la blancheur
Pour se protéger de la pluie

Les gens veulent toucher nos cheveux
Ils croient qu'ils sont en chocolat
Peut-être en fraise, pourquoi pas
Les deux parfums ce serait mieux

J'ai de belles baskets…

3. Le genou des choses

Je suis entré dans la maison pour me trouver une place
Mais tous les sièges étant occupés par des gens
Je suis resté debout, à regarder le genou des dames
Je suis resté debout, à regarder…

Je suis entré dans la maison pour me trouver une place
Étant donné qu'il y a des gens qui se trouvent une place
Je suis resté debout, à contempler le genou des choses
Je suis resté debout, à contempler…

4. L'art et la manière

Moi qui ne fait que passer sur ces terres
Moi qui ne fait que passer

Accorde-moi droit de passage
Accorde-moi ce droit
Accorde-moi droit de passage
Accorde-moi…

Tu ne m'as pas accordé le passage
J'ai emprunté d'autres voies de garage

Accorde-moi droit de passage
Accorde-moi ce droit
Accorde-moi droit de passage
Accorde-moi

Tu envoies des chiens furieux
À grands cris
Nous les avons mis au feu
Et rôtis

L'art et la manière
De se faire entendre (bis)

L'art et la manière
D'accomoder les plats
L'art et la manière
Et d'y mettre les pieds

5. Jardiland

Je me promène à Jardiland
Je me promène dans ce jardin
Et ton secret ô Jardiland
Caché dans le creux de tes nains

Soudain me voici dans leur danse
Il me répugne d'être des leurs
La ronde de plus en plus intense
Rehausse toutes les couleurs

Soudain le soleil illumine
Ce jardin rempli d'odeurs sublimes
Au sol parsemé de fleurs…

L'un des nains me greffe à côté du cœur
Des branches de nèfle, des pois de senteur
Je vois sur mon corps un arbre qui pousse
Captif de la flore, quantité de mousse
L'herbe est toujours fraîche à Jardiland

Il est temps d'aller prendre l'air
Fuir les odeurs les gaz délétères
Reprendre souffle et respiration
Purger les poumons des pollutions

Il arrive que je désespère
Que je suffoque, que je manque d'air
Il m'arrive parfois de faire
Des tentatives de retour au vert

Soudain le soleil illumine
Ce jardin rempli d'odeurs sublimes
Au sol parsemé de fleurs
Pays que tous les enfants devinent

Je vois sur mon corps un arbre qui pousse
Captif de la flore, quantité de mousse
L'un des nains me greffe à côté du cœur
Des branches de nèfle, des pois de senteur
L'herbe est toujours fraîche à Jardiland…

6. Le dé

Aujourd'hui ou peut-être demain
Si ce n'est pas demain, alors ce sera plus tard
Qu'importe, de toutes les manières
Ce qui doit arriver arrivera
Demain, après-demain, ou bien plus tard
Plus tard encore

De toutes les façons, mieux vaut tard que jamais

Il n'est jamais trop tard pour bien faire
Il n'est jamais trop tard
Le monde appartient à tous ceux qui se lèvent tôt
À tous ceux qui se lèvent
Le lièvre et la tortue vont moins vite que le train
Et le train va moins vite que l'avion
L'avion que le dé, que l'avion

De toutes les façons, mieux vaut tard que jamais

7. À l'origine

À l'origine le monde était, à l'origine
Jolie voisine ou grande usine
Le monde était rond, blond et bleu et bon
Blond, rond et sentait bon

À l'origine je n'étais pas, ni toi non plus
Pas plus d'enzymes à l'origine, ni vous non plus
Des mots au-dessus d'eaux
Peut-être, et des vélos
Des vélos de régime…

Mais tout ça c'est du passé, mais tout ça
Mais tout ça c'est dépassé, mais tout ça
Mets tout ça quelque part dans ta poche
Maintenons ce niveau d'évolution

À l'origine le monde était sans queue ni tête
Mais nous les hommes nous demeurons sans queue ni tête
Sans queue, sans queue ni tête
Peut-être, mais pas si bêtes

Nous savons faire asseoir un chien, pipi debout
Nous savons faire des films d'Indiens sans Manitou
Un-dien vaut mieux que deux
Tu l'au-ras, tu l'auras
Des films, des films, sans origine…

Mais tout ça c'est du passé, mais tout ça
Mais tout ça c'est dépassé, mais tout ça
Maintenant tout est tellement différent, maintenant
Maintenons ce niveau d'évolution

8. L'été

On attend l'été depuis des milliers d'années (bis)
Je t'ai rencontrée au début de l'été (bis)
On n'est jamais seul au milieu de l'été
Ou bien c'est qu'il sépare ce qui avait été
Je t'ai rencontrée au début de l'été (bis)

C'était un été comme les autres
Tant de temps devant nous, le reste on s'en fout
C'était un été comme les autres
Tant de temps devant nous…

Chaque jour qui passe j'entends venir l'été
Le soleil qui passe et qui va s'entêter
Au dessus de nous l'été va s'arrêter (bis)

On n'a jamais froid au milieu de l'été
Ou bien c'est qu'il était bien plus tard qu'il n'était
Au-dessus de nous l'été va s'arrêter (bis)

C'était un été comme les autres
Tant de temps devant nous, le reste on s'en fout
C'était un été comme les autres
Tant de temps devant nous…

9. Chinois

“ Ce n'est pas la peine de m'en aller jusque là-bas
- Quand tu te réveilles tes yeux sont comme ceux d'un Chinois ”

10. Retour à Capri

J'ouvre grand les rideaux de velours pétunia
Le soleil du matin m'atteint sur le sofa
Liselotte me porte sur le plateau d'argent
Cigarettes, courrier et chocolat fumant

Ai-je eu tort ou raison, peu importe à présent
L'overcraft a glissé sur le lisse océan
Effaçant telle une gomme, un aveu silencieux
Décacheter la lettre, jouer avec le feu

Mon caprice est fini, retour à Capri (bis)

Je fume d'aromatiques cigarettes de Lübeck
Caressant de mon tigre, le pelage étonnant
Liselotte me propose un verre d'eau de pastèque
Je résiste au courrier, lové sur le divan

Quand les rayons du soir colorent mon tourment
Que le vent fait bruisser les ombres du jardin
Je m'apprête à sortir, choisis mon vêtement
La lettre restera close, repartira demain

Mon caprice est fini, retour à Capri (bis)

11. Aux quatre vents

Je m'égare dans les locutions
Ne dis rien qui ne retienne l'attention
Abonné à l'intangible
Mon existence est amovible
Tout est affaire de hasard
Ta rencontre: rien de rare

L'amour c'est une autre histoire
Qui se vit dans l'illusion de croire
Nous sommes dans l'ère du soupçon
L'erreur est une faute d'attention
Je mets du beurre sur le microsillon
La chanson meurt: quelle déception
Mais je suis irresponsable
Pris dans une tempête de sable
Qui m'aveugle et m'ôte la vue
Allons dans l'inconnu

Ce que je réussis asez bien
C'est de faire flotter ma vie
Sans la peur du lendemain
Mes jours seraient comme mes nuits
Prendre en charge mon destin
Pour sortir de l'infini
Je suis à l'écoute de mes riens
Au lieu de suivre…

Je remets à plus tard
L'obligation de vivre
Je suis celui qu'il te faut
Je me lève tôt
Et tu m'aimes
Oui tu m'aimes quand même
Malgré tout ça
C'est ta confiance qui m'entraîne
J'irai avec toi

C'est étrange, rien ne change
C'est étrange, le temps passe
Quelque chose se modifie
L'air du temps, le temps se raréfie
Atmosphère qui peu à peu s'aère
S'arrêter de toujours lutter
Être là, simplement présent
Aux quatre vents de l'instant

Je m'égare dans les locutions
Ne dis rien…

Vivons ensemble cette histoire
Qui ne nous regarde pas
Ne reportons pas à plus tard
Le bonheur qui nous échoit
Viens plus près juste une seconde
Je vérifie la couleur blonde
De tes cheveux sur nous répandus
De tes cheveux

12. Italia

Je sens comme un air froid qui circule en moi
Je sens comme un air froid entre mes doigts
C'est une politesse que me fait le vent
Une délicatesse qu'il me fait souvent

Italie, Italia
C'est le ciel un peu trop bas
Italia, Italia
Reviendra

Aucune différence entre moi et moi
Comme une équivalence entre sujet et roi
Il n'a jamais été entre nous question
D'effort de volonté, mais bien d'attention

Italie, Italia
C'est le ciel un peu trop bas
Italia, Italia
Reviendra